En 2021, les consultant(e)s LFC Humain ont réalisé pas moins de 70 bilans de compétences. Une enquête a été menée pour identifier les motivations et les attentes des personnes accompagnées.
Qu’est-ce qui a motivé les bénéficiaires à se lancer dans une démarche bilan de compétences ?
32% des personnes rencontrées ont évoqué simplement le besoin de faire un point dans leur parcours. Une sorte d’ « arrêt sur image » pour analyser leur vécu professionnel, leur parcours, célébrer leurs réussites et tirer des conclusions positives de leurs échecs.
Pour 28 %, le terme de « lassitude » sur le poste a été employé, voire une « perte de sens » : une routine s’installe parfois dans le quotidien professionnel, on perçoit moins d’entrain, de motivation au travail. Les évolutions des entreprises, les changements internes, les départs des collègues… tous ces changements « subis » impactent la motivation au travail.
Nombreux (18%) sont aussi ceux qui ont eu besoin d’anticiper la suite de leur parcours car ils occupent des postes pouvant être pénibles physiquement. Nous accompagnons notamment de nombreux agents du secteur hospitalier (Infirmiers, Aide-Soignant, ASH…) qui, après 15 ou 20 ans d’exercice de leur fonction ressentent des douleurs physiques, souffrent de TMS… Ces personnes initient une démarche de réflexion avant d’arriver au stade des réserves médicales et de l’inaptitude.
Environ 14% des personnes ont été accompagnées dans le cadre d’une situation d’inaptitude au poste de travail. Pour ces bénéficiaires, le repositionnement professionnel est devenu une nécessité, une priorité, avec parfois le besoin de faire le deuil d’une fonction qu’ils apprécient et qu’ils avaient choisies…
Concernant les 8% restants, les points de départ à l’initiative de la réflexion ont été variés : risque de perte d’emploi, conflit ou tensions en interne…
Au départ du bilan, quelles ont été les objectifs exprimés par les bénéficiaires ?
Près de 90% des personnes ont évoqué une envie de se reconvertir. Le bilan de compétences est très associé à cette idée de « trouver sa voie », changer d’orientation, même si dans les faits les issues du bilan ne sont pas aussi déterminées !
Et à l’issue des bilans, quels ont été les types de conclusions, les choix professionnels retenus ?
Pour les bilans réalisés en 2021, 48 % des bénéficiaires ont retenu en piste prioritaire un projet de reconversion, parfois en restant dans leur secteur d’activité, ou en souhaitant changer totalement de voie professionnelle.
52% des bénéficiaires ont choisi de poursuivre leur parcours en occupant le même type de poste. Certains ont souhaité changer de secteur d’activité ou de services, l’accompagnement leur ayant permis de comprendre que la cause de leur lassitude était plutôt liée à leur environnement de travail ou leurs conditions de travail qu’au contenu de leurs fonctions (36 %). Pour 9% d’entre eux, le projet retenu concerne le développement de compétences (formation complémentaire permettant notamment de se réassurer dans leurs fonctions ou d’envisager des évolutions à moyen terme). Enfin, 7% ont fait le choix de ne rien changer à leur quotidien professionnel.
Comment expliquer l’écart entre les envies initiales de reconversion et les conclusions finalement plus axées vers la poursuite dans le même type de fonction ?
Il est important de préciser que les personnes qui ont au terme du bilan choisi de poursuivre leur parcours plutôt que de se lancer dans une reconversion n’ont pas du tout vécu le bilan comme un échec (même si leur entourage a pu par moment leur faire ce retour).
En effet, les raisons de ces choix sont multiples : au cours du bilan, nous aidons la personne à explorer ses besoins, ses rêves, ses valeurs… mais aussi à lister ses contraintes et ses freins. Parmi eux nous pouvons rencontrer les croyances limitantes (« je n’y arriverai pas », « je ne suis pas capable », « je suis trop âgé »…) sur lesquelles nous travaillons dans le cadre du bilan et qui peuvent parfois être surmontées. Mais nous allons aussi l’aider à lister des contraintes beaucoup plus terre-à-terre qui seront des freins objectifs (« besoin de gagner tel salaire par rapport aux frais fixes » ; « ne pas travailler le week-end » ; « ne pas faire plus de x temps de trajet quotidien »…) : ce sont celles-ci qui, en termes de critères, conduisent le plus souvent à des abandons de projets. Les noter et en prendre conscience est important, car si elles sont objectives, elles peuvent évoluer dans le temps : ainsi, un projet non retenu en 2021 pourrait être réexploré plus tard. Nous prenons soin, dans les synthèses finales de bilan, de distinguer ces éléments, afin que le bénéficiaire puisse repenser, plus tard, ses conclusions sereinement et de manière autonome.