Créé pour répondre aux défis de l’inclusion professionnelle, le Fonds d’inclusion dans l’emploi (FIE) occupe une place centrale dans la politique publique d’accès à l’emploi pour les personnes les plus éloignées du marché du travail. Piloté au niveau national par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), le FIE finance chaque année plusieurs dispositifs d’accompagnement, mobilisés au sein des territoires par les services déconcentrés de l’État.
Un dispositif aux multiples composantes
Le FIE regroupe et finance une variété de contrats et d’accompagnements, destinés à des publics aux profils variés mais souvent en situation de précarité ou d’exclusion durable du marché du travail. Il s’appuie notamment sur les dispositifs suivants :
- Parcours Emploi Compétences (PEC), principalement dans le secteur non marchand ;
- Contrats Initiative Emploi (CIE), dans le secteur marchand ;
- Insertion par l’Activité Économique (IAE), qui regroupe les structures d’insertion comme les ateliers et chantiers d’insertion, les associations intermédiaires ou les entreprises d’insertion ;
- Entreprises Adaptées (EA) et Entreprises Adaptées de Travail Temporaire (EATT), qui proposent un emploi aux personnes en situation de handicap ;
- Groupements d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification (GEIQ), qui permettent de mutualiser les besoins de main-d’œuvre et de former des publics éloignés ;
- Clauses sociales d’insertion (CSI) intégrées dans les marchés publics.
En 2023, le FIE représentait environ 1,2 milliard d’euros de budget à l’échelle nationale. Il permettait alors de soutenir environ 62 800 PEC et 32 100 CIE, avec une légère revalorisation des aides par rapport à l’année précédente. La stratégie portée par l’État consistait à renforcer la qualité de l’accompagnement, à mieux cibler les bénéficiaires, et à inscrire les actions dans une logique territoriale concertée.
Vers une logique de recentrage et d’optimisation
La circulaire budgétaire pour 2024 a confirmé ces grandes orientations, tout en introduisant davantage de flexibilité pour les acteurs régionaux. Les préfets de région et les DREETS disposent ainsi d’une marge de manœuvre élargie pour ajuster les financements aux réalités locales, notamment en permettant une fongibilité partielle des crédits entre certains dispositifs. Cette souplesse s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du réseau France Travail, dont l’objectif est de mieux coordonner les acteurs de l’insertion et de l’emploi.
Toutefois, l’année 2025 marque une inflexion plus nette, avec une réduction significative des enveloppes allouées aux contrats aidés. Selon la circulaire publiée le 4 avril 2025, le nombre total de PEC et CIE devrait passer à environ 32 000 contrats, soit une baisse de plus de 40 % par rapport à 2024. Cette orientation vise à concentrer les moyens sur les dispositifs considérés comme les plus efficaces en matière d’accompagnement vers l’emploi durable, en particulier dans l’IAE et les entreprises adaptées.
Parallèlement, la priorité est donnée aux structures qui démontrent une capacité forte d’ancrage territorial, un lien actif avec les entreprises locales, et une aptitude à construire des parcours individualisés vers l’emploi. Le ciblage est également renforcé sur les publics prioritaires : demandeurs d’emploi de longue durée, jeunes sans qualification, bénéficiaires du RSA, personnes en situation de handicap ou vivant dans des territoires fragiles.
Entre rationalisation budgétaire et inquiétudes du secteur
Si l’objectif de performance et d’efficience est clairement affiché par l’État, la réduction des volumes suscite des réactions contrastées dans le secteur de l’insertion. Plusieurs réseaux associatifs et acteurs de l’économie sociale et solidaire expriment leurs inquiétudes quant à l’impact de ces décisions sur les capacités d’accueil des structures, en particulier dans les territoires ruraux ou les quartiers prioritaires.
Des organisations comme la Fédération des acteurs de la solidarité ou l’Union des employeurs de l’ESS (UDES) déplorent une baisse jugée « brutale » du nombre de contrats aidés, prise selon elles sans réelle concertation, alors même que les besoins en accompagnement restent élevés dans un contexte d’inflation et de précarisation.
Une stratégie de ciblage assumée
Dans sa logique actuelle, le FIE cherche moins à financer un grand nombre de contrats qu’à soutenir une insertion de qualité, fondée sur un accompagnement renforcé, une logique de parcours, et une articulation avec les besoins en recrutement des entreprises. Cette approche s’inscrit dans la feuille de route plus globale de transformation du service public de l’emploi, portée par France Travail.
Le rôle des régions devient de plus en plus déterminant, tant dans l’allocation des ressources que dans le pilotage opérationnel des dispositifs, à travers des diagnostics partagés et des stratégies territoriales d’insertion.
En conclusion
Le Fonds d’inclusion dans l’emploi reste un outil majeur au service des politiques d’insertion. Toutefois, son évolution récente traduit une volonté de recentrage budgétaire et de rationalisation de l’action publique. À l’horizon 2025, le FIE entre dans une nouvelle phase, marquée par des choix plus sélectifs et une recherche accrue d’efficacité. Si cette orientation vise une meilleure insertion qualitative, elle pose également la question de la capacité du secteur à absorber les effets d’une baisse des moyens, dans un contexte où les fragilités sociales demeurent nombreuses.